Marmoulak
- Marie Selva

- 14 sept.
- 2 min de lecture

Un caméléon en fuite
Sorti en 2004 en Iran, Marmoulak (signifiant « Lézard ») est une comédie dramatique qui a marqué le cinéma iranien par son audace et son humour corrosif. Le film raconte l’histoire de Reza, un petit escroc surnommé « le Lézard » pour sa capacité à s’adapter et à se faufiler. Après s’être échappé de prison, il se déguise en mollah pour passer inaperçu. Très vite, il est pris pour un véritable religieux et, malgré lui, devient une figure charismatique pour les habitants d’un petit village.
Un humour subversif
Sous ses airs de comédie populaire, le film s’attaque avec finesse et ironie à des sujets extrêmement sensibles dans l’Iran des années 2000 : l’hypocrisie religieuse, la rigidité morale, la corruption et le décalage entre discours officiel et réalité vécue. La phrase culte du héros — « Il y a autant de chemins vers Dieu qu’il y a de têtes » — résume à elle seule le message libérateur et pluraliste que le film tente de faire passer.
Le jeu d’acteur et la mise en scène
Parviz Parastui, dans le rôle du Lézard, est absolument savoureux : il incarne avec une justesse comique et une humanité touchante ce voyou malicieux qui, malgré ses intentions douteuses, se transforme peu à peu en guide spirituel. La mise en scène de Kamal Tabrizi, simple et fluide, sert avant tout le récit et les dialogues. Le rythme alterne entre burlesque et émotion, évitant de sombrer dans la caricature.
Réception et controverse
Le film, initialement autorisé, a rencontré un immense succès populaire en Iran — avant d’être rapidement censuré. Sa critique implicite du clergé chiite et son humour irrévérencieux ont été jugés trop sensibles par les autorités. Cet interdit a renforcé sa réputation de film culte et en a fait une œuvre emblématique de la tension entre liberté d’expression et contrôle idéologique au sein du cinéma iranien.
Conclusion
Marmoulak est une comédie intelligente, drôle et profonde qui va bien au-delà du simple divertissement. En riant, le spectateur réfléchit sur la religion, la foi et la société. Dans un pays où la satire religieuse est quasi impossible, Kamal Tabrizi a réussi un petit miracle : livrer une fable universelle sur la liberté, la foi et l’humanité.
Sous-titrage anglais



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