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Shab-e Yalda, une fête ancestrale


Table typique de Shab-e Yalda

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas et c’est l’occasion pour Paris-Perse de vous présenter une fête qui remonte au IIème millénaire av J-C : “Shab-e Yalda” ou “Shab-e tcheleh”, en français “nuit de la naissance” lors de laquelle on célèbre la nuit la plus longue de l'année, assimilée à la naissance de Mithra, le dieu du Soleil. Bien que sa signification religieuse se soit estompée au fil des siècles, Shab-e Yalda n’en demeure pas moins une tradition bien ancrée dans la culture persane.



Une célébration symbolique et unificatrice


Le Yalda est une étape clé du calendrier persan. Le 21 mars, Norouz célèbre l’équinoxe vernal marquant le premier jour du printemps. Le 21 décembre, la fête de Yalda célèbre le solstice d’hiver et le passage entre le mois d'Azar au moins de Dey symbolisant la création. Cette célébration a la particularité d’être associée à différents cultes à travers différentes époques, faisant d’elle un rite unificateur.



Statue du dieu Mithra datant de l'Antiquité Romaine

À l’origine, Shab-e Yalda célèbre la naissance de Mithra, fils de la déesse Anahita et dieu zoroastrien du feu et du soleil mais aussi symbole de l’amour et du pardon dont le culte s’est étendu jusqu’à la Rome Antique. Lorsque les courtes journées d’hiver s’allongent en laissant progressivement place à la lumière, le mithriacisme y voit la naissance de ce dieu. Il est d’ailleurs fort possible que les chrétiens réfugiés en Iran durant l’empire Romain se soient approprié cette coutume pour célébrer la naissance de Jésus, Noël.



Bas relief zoroastrien à Persépolis

Dans la religion zoroastrienne, Shab-e Yalda possède une toute autre signification. En effet, aux yeux des zoroastriens, le solstice d’hiver incarne la victoire du monde bienveillant de la lumière sur celui des ténèbres. Le dernier jour du mois de Azar est le plus long de l’année, quand les forces malfaisantes d’Ahriman, Dieu du Mal, sont à leur apogée. En opposition, le premier jour du mois de Dey, appelé Khoram rouz, ”jour du soleil”, est associé à Ahura Mazda, le Dieu lumière et créateur. Lorsque Azar laisse place à Dey, les zoroastriens y voient la victoire de Ahura Mazda sur Ahriman après de longs mois de lutte.


Suite à la conquête de l’empire Sassanide par les musulmans au VIIème siècle, le Zoroastrisme s’est vu disparaître au profit de l’islam mais la fête de Shab-e Yalda est restée intacte bien qu’elle ait perdu sa signification religieuse. Aujourd’hui, cette fête est une occasion pour les familles de se retrouver autour d’une célébration pleine de symboles.


De même, la célébration de Shab-e Yalda cristallise l’histoire commune des pays de l’Asie centrale, comme l’Afghanistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et des États du Caucase, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Sans parler des Juifs iraniens dont la célébration du “Rosh HaShanah La’Ilanot”, “Nouvel An des Arbres”, se déroule de la même manière que le Shab-e Yalda.

Son déroulement



La fête de Shab-e Yalda met les fruits à l'honneur

Les familles se retrouvent la nuit du 21 décembre autour d’une table, d’un sofreh (nappe recouvrant un tapis) ou d’un korsi (table basse recouverte d’une couverture) qui sont des éléments incontournables du mobilier traditionnel persan. On y sert des fruits frais et notamment des grenades et des pastèques dont le rouge incarne le feu et le Soleil, source de lumière. De plus, consommer des fruits frais au beau milieu de l’hiver rappelle les coutumes anciennes qui visaient à invoquer la protection des dieux sur les récoltes hivernales. Les fruits emblématiques du Shab-e Yalda sont :

  • La pastèque, qui a été préalablement conservée depuis l’été et qui symbolise santé et bien-être ;

  • La grenade, dont les grains symbolisent le cycle de la vie et la fertilité ;

  • Des fruits secs, “ajil”, symboles de prospérité mais aussi servant d’offrande pour la résolution d’un différend.


Selon les régions, la consommation de certains aliments peut être assimilée à une promesse de bonne santé.


Le fameux recueil de poèmes de Hafez, le "Divân"

Après le dîner, on se rassemble pour se raconter des histoires et des anecdotes au cours d’un moment convivial. L’élément central de ce rite est le recueil de poèmes de Hafez, le Divân, dont on va se servir pour prédire le futur. Chacun ouvre une page du Divân au hasard, et le poème récité sera interprété comme une prédiction de l’avenir.



Autre coutume commune ; les jeunes fiancés peuvent profiter de Shab-e Yalda pour offrir à leurs futurs beaux-parents un panier contenant 7 sortes de fruits et légumes.



Les coutumes varient selon les régions et certaines se sont perdues à travers le temps, mais le 21 décembre reste pour les iraniens du monde entier un moment de convivialité et de partage.



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