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Pourquoi le week-end iranien commence le jeudi ?

Téhéran dans la crépuscule

Le tempo singulier d’un pays entre tradition, foi et indépendance

Dans la plupart des pays musulmans, la semaine se termine le jeudi soir et le week-end s’étend du vendredi au samedi. Mais en Iran, le repos hebdomadaire commence un jour plus tôt : le jeudi et le vendredi sont les jours chômés officiels. Un détail du calendrier ? Pas vraiment. Ce rythme, à la fois spirituel et identitaire, raconte l’histoire d’un pays qui avance à sa propre cadence.


Un héritage ancien, ancré avant la Révolution

Téhéran sous la monarchie

Sous la monarchie de Mohammad Reza Pahlavi, le jeudi-vendredi était déjà le week-end national. Les écoles et administrations fermaient deux jours, tandis que certaines entreprises privées terminaient leur semaine le jeudi à midi. Ce modèle, introduit dès les années 1930 sous Reza Shah, alliait modernisation à l’occidentale et respect des coutumes religieuses.

À cette époque, l’Iran partageait le même rythme que la majorité du monde musulman : en Égypte, en Irak ou en Syrie, le jeudi-vendredi était la norme. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que les autres pays ont décalé leur week-end au vendredi-samedi pour se rapprocher des marchés mondiaux. L’Iran, lui, a choisi de rester fidèle à son modèle.


Repères historiques

Période

Événement clé

Années 1930

Reza Shah modernise l’administration tout en gardant le jeudi-vendredi comme repos.

Avant 1979

Le schéma du jeudi-vendredi s’applique à tout le pays, public comme privé.

Années 1990

Les États du Golfe adoptent le vendredi-samedi pour s’aligner sur le calendrier international.

Aujourd’hui

L’Iran reste l’un des rares pays musulmans à maintenir le week-end jeudi-vendredi.


Le jeudi soir, une nuit pas comme les autres

Pourquoi le week-end iranien commence le jeudi ? Le jeudi soir iranien, appelé Shab-e Jom’e (شب جمعه – « la nuit du vendredi »), tient une place particulière dans la culture chiite. C’est un temps de recueillement et de prière, consacré à la mémoire des défunts et à la préparation du vendredi, jour saint.

Mais c’est aussi une soirée sociale : les familles se réunissent, les parcs s’animent, les marchés se prolongent tard dans la nuit. Cette atmosphère unique, mêlant spiritualité et convivialité, fait du jeudi soir l’un des moments les plus vivants de la semaine iranienne.

“Le jeudi soir, on sent que le pays ralentit, respire, se rassemble.”— Proverbe populaire iranien

Un décalage économique assumé

Ce rythme singulier a toutefois ses limites. Les marchés financiers, les compagnies aériennes et les institutions internationales fonctionnent du lundi au vendredi. En Iran, les bureaux ferment dès le jeudi, réduisant à quatre jours la période d’échanges synchronisés avec le reste du monde.

Les milieux économiques plaident régulièrement pour un passage au vendredi-samedi, qui faciliterait les affaires. Mais pour la majorité des Iraniens, le week-end actuel fait partie de leur identité : un repère immuable, au même titre que le Nowruz ou le calendrier solaire persan.


Un tempo à l’image de l’Iran

Le choix du jeudi-vendredi n’est pas un vestige du passé, mais une fidélité consciente à un équilibre propre :le jeudi pour célébrer la vie, le vendredi pour se recueillir, et le samedi pour recommencer.

Ce rythme, entre tradition et modernité, est à l’image du pays lui-même :un Iran ancien, complexe, spirituel et indépendant, qui, jusque dans la structure de sa semaine, affirme sa différence.


1 commentaire

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Patrick Y
18 oct.
Noté 5 étoiles sur 5.

Une population extraordinaire, ou valeurs et traditions règlent la vie quotidienne

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